wandrille

Je ne sais pas si je vous ai parlé de mon peu de goût pour le fanzine.

Vous avez, le fanzine, cet ouvrage collectif qui tient de la revue, du brouillon arraché et du journal d’entreprise pour les chômeurs, fait par des chômeurs. C’est pas beau, c’est souvent un objet de compromis qui demande des tonnes d’effort à quelques bons samaritains pour un résultat final souvent médiocre parce que sans exigence vu que « on est tous des potes tu vois… On est un collectif, tu vois… ».

Il y a quelques exceptions bien sûr (Dame Pipi, Turkey Comix, Equarquillettes…) mais je dis ça surtout par copinage.

Bref, le fanzine, j’aime pas.


Tout ça pour dire que, l’autre jour, enfin à Angoulême, le festival, il y avait Guillaume Bouzard. Pour ceux qui ne connaissent pas Bouzard, c’est l’auteur du plus grand super héros des vacances : Plageman !

Il a aussi fait, entre autres pleins de trucs, deux livres hyper trop biens :"The autobiographie of me too", dont je vous conseille surtout le tome 2 « The autobiographie of me too two» (ah ah ah, quel titre trop con, j’adore).

Il y a d’ailleurs une histoire une histoire de course au supermarché pour acheter des croquettes au chien que je ne peux pas vous raconter, parce qu’à chaque fois que j’essaie, je frise l’apoplexie rigolarde et je ne suis pas très clair.


Bon, enfin voilà, Bouzard était là, je suis fan, je vais lui parler (je ne doute de rien moi).
Et là le truc improbable, le type a entendu parler de moi…


Moi, sur le cul, je lui dis tout le bien que je pense de son boulot, mais pas trop non plus, j’ai de la pudeur moi, mais quand même cette histoire de croquettes bon dieu, ah ah ah, putain c’est trop, parce que le mec…. Ah ah, merde, je ne peux pas vous raconter.

Bouzard m’offre un exemplaire de « Caca Bémol », la série de fanzine qu’il animait autrefois quand il était un chérubin blond.

Tout à chacun aurait réagit en rosissant de plaisir et en remerciant en pleurant toutes les larmes de son corps.


Mais pas moi.
Ben non, je suis trop malin, moi.

Il a fallu que j’ouvre ma gueule… « Moué les trucs collectifs, tu sais… » Vous imaginez le cuistre ?


Bouzard, pas bégueule, me laisse son aggloméré photocopié, classe, et moi je pars, fier de ma superbe et de mon mépris du fanzinat (je retourne d’ailleurs à l’espace fanzine où j’ai mon stand, vous notez bien le mec droit dans ses bottes).

Et là, c’est le drame.

Je lis « Caca Bémol » Et c’est bien.
Bon dieu que c’est bien.

C’est hyper drôle, c’est plus fort que tout ce que j’ai jamais pu faire.
Plus drôle que tout ce que je pourrais jamais écrire.

Ah, l’enculé, j’aurais du l’enfoncer plus.

Et là du coup, je me sens con. Mais con.
Mais quelle quiche je suis !


Depuis, pourquoi le taire, je dors mal.

Autant j’ai toujours assumé mes détournements de mineurs, mes relations gérontophile et mon appartenance au mouvement scout, autant là, ma conscience ne me laisse pas en paix.

J’ai tout essayé pour évacuer le truc.


(Il faut préciser aussi que Bouzard est le roi de la course à pied et qu’il est très porté sur la balle au pied, il vient d’ailleurs de sortir un recueil de poésie graphique chez Dargaud sous le joli nom de « Football Football »).

Bien sûr, j’ai jamais assumé cette histoire, et sur les conseils de mon psy, j’ai décidé de cracher l’horrible vérité sur internet aujourd’hui. Il paraît que ça fera un effet placebo ( ?). Jusqu’ici je n’en parlais pas et je détournais la conversation.


Voilà.

Guillaume Bouzard, si jamais tu lis ses lignes, sache le, je regrette.
Je regrette.

Autant que de pas avoir serré Albane Jourdon en Terminale. Pour te dire...

Que j’ai été bête !

Si jamais cette note ne suffit pas à me décharger du fardeau de cette très grande faute, il me reste une dernière alternative : la religion.
J’espère qu’elle m’offrira ses lumières ancestrales et les recettes miracles qui font que tellement de bons chrétiens arrivent à combiner l’amour du prochain avec la construction de missiles et le négoce de mines antipersonnelles (choses qui, je vous l'accorde, ne sont que peccadilles à côté de mon péché).